Blacksmith 101
Les « blacksmiths tokens » (« jeton de forgeron ») sont très méconnus des numismates en général. La plupart des gens ont une idée très vague à leur sujet. Voici donc un petit aperçu de ces jetons qui font partie de notre histoire.
La première fois que j’ai aperçu ces jetons dans le catalogue Charlton, ma première impression fut : « Ces jetons sont donc bien laids! ». Ils avaient l’air tous extrêmement usés et je me demandais bien pourquoi ils étaient aussi laids!
Selon McLachlan (un numismate très réputé du 19ième siècle), ce serait un forgeron de Montréal qui serait à l’origine de certains de ces jetons. Ce forgeron aurait fait ces propres pièces pour pouvoir s’acheter de la boisson. La fabrication aurait débuté vers l’année 1835.
À cette époque, une pièce de monnaie devait valoir son poids en métal. Mais comme la pénurie de numéraire faisait rage, des pièces de moindre poids circulaient dans la colonie. Vous comprendrez que le but principal du faussaire était de faire du profit. Certains blacksmiths peuvent posséder jusqu’à la moitié moins de métaux que les originaux. La qualité du métal n’était pas importante pour le faussaire. C’est pour cette raison que l’on retrouve plusieurs types avec 2 variétés de métaux (laiton ou cuivre). Comme le laiton (alliage de cuivre et de zinc) était moins coûteux que le cuivre pur alors les profits en étaient augmentés.
La qualité de la présentation visuelle des blacksmiths était volontairement négligée. Le jeton devait passer pour une vieille pièce usée (anglaise ou irlandaise) qui circulait à cette époque. Le jeton devait probablement sortir de la presse au grade de VF-20 au mieux. Certaines pièces étaient surchauffées pour leur donner une apparence plus vieille.
Les types de jetons qui imitent les pièces anglaises ont presque tous une particularité commune. Les motifs se retrouvent à l’envers par rapport à ceux de l’original. La raison est simple, le faussaire peu instruit avait gravé directement sa matrice en prenant une pièce originale comme modèle. Lorsqu’il frappa ses pièces, le motif se retrouva à l’envers par rapport à la pièce originale.
Pour le numismate débutant, la gradation des blacksmiths n’est pas facile. Tel que mentionné dans le Charlton, la gradation des jetons ne se fait pas de la même manière qu’une pièce décimale. De même que la gradation d’un type de jeton à l’autre mais ça c’est un autre sujet d’article!
Si vous parlez à des numismates d’expérience qui collectionnent depuis une vingtaine d’années, ils vous diront que dans « leur temps » les blacksmiths étaient disponibles chez beaucoup de marchands et auprès des collectionneurs. Mais de nos jours, le marché est très différent. Les blacksmiths sont pratiquement absents des comptoirs des marchands et même des sites Internet de vente aux enchères. Lorsqu’il y en a de disponible, les prix sont souvent plus hauts que les prix du catalogue Charlton.
Il y a plusieurs « émetteurs » de blacksmith. C’est pratiquement impossible qu’il y eut un seul fabriquant. Le style et le genre varient beaucoup d’un blacksmith à l’autre.
La collection des blacksmiths est très intéressante mais très ardue et doit se faire sur une longue période dû à leur facteur de rareté (et à leur facteur de disponibilité!).
Voici quelques types intéressants que j’ai téléchargé du site du Musée de la monnaie.
Le plus commun des Blacksmith, le Bitit Token (BL-37).
Imitation d’un jeton de l’Île-du-prince-Edward (PE-10), communément appelé « Ships Colonies & Commerce ».
Imitation d’un jeton du Bas-Canada (LC-60) communément appelé « Bust and harp ».
Imitation d’un jeton de la Nouvelle-Écosse.
Imitation d’un « half-penny » anglais (buste de George II ou George III à l’avers et Britannia au revers).